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Ces skateurs se sentent à l'étroit à Pont-Audemer

Publié le 24/11/2022 dans Actualité réseau

Jules Lefevre et Axel Autret, 18 ans, veulent faire carrière dans le skateboard. Avec d'autres jeunes de Pont-Audemer (Eure), ils souhaiteraient que le skate-park soit agrandi.

Valentin Hervé, Axel Autret, Jules Lefevre et Kylian devant le skate-park.

« C’est plus qu’un sport, c’est un mode de vie. Ils mangent et dorment avec leur skate ! » présente Valentin Hervé, 27 ans, photographe amateur. Trois à six heures par jour, ses modèles photo et amis, deux jeunes skateurs de Pont-Audemer (Eure), glissent sur béton et rampes avec leurs planches à roulettes. Ils s’entraînent à réaliser des figures comme le ollie, le shove-it, le kickflip, pour citer les plus simples.

Jules Lefevre, 18 ans, a commencé à skater il y a trois ans et demi.

Je ne fais que ça, tous les jours.

Le jeune homme a un rêve. Son objectif : participer aux Jeux Olympiques de 2028, le skateboard étant une discipline officielle depuis les JO de 2020. Problème, au skate-park de Pont-Audemer, situé en bord de Risle à côté du gymnase COSEC, il connaît les lieux par cœur et prend conscience de ses limites. « Pour m’entraîner, je suis obligé d’avoir un skate-park adapté, plus complet », explique celui qui souhaite devenir athlète olympique. Il compte d’abord reprendre les compétitions.

 

Jules Lefevre, 18 ans réalise une figure de skate à Pont-Audemer.

Axel Autret, 18 ans également, voudrait de son côté « faire du street, du skate dans la rue, et faire des vidéos pour des marques ». Les deux jeunes ont décroché leur bac en 2022. Ils étudient désormais au CNPC, une école de commerce sportif à Paris. S’ils peuvent pratiquer sur d’autres infrastructures après leurs cours, ils sont fréquemment de retour à Pont-Audemer.

Skateurs versus squatteurs

Quelque chose gêne énormément les jeunes sportifs. Les squatteurs. D’autres jeunes qui ne sont pas forcément conscients de déranger, mais qui s’asseyent longtemps sur des blocs de béton qui font partie du skate-park. « Ce n’est pas un banc, c’est un curb ! » lance Axel Autret.

La nuit, d’autres énergumènes viennent sur les lieux et y laissent leurs déchets, comme des cadavres de bouteilles. Ce qui ne fait pas bon ménage avec les roulettes et les chutes. L’autre jour, « Axel est tombé et s’est planté un bout de verre dans la main ! » raconte Valentin.

D'autres jeunes s'assoient sur cette partie du skate-park, qui devient aussi impraticable et salie par les déchets.

Selon les skateurs, des aménagements comme des bancs supplémentaires pourraient inciter ces jeunes à s’asseoir hors du skate-park. Pour que les choses bougent, ils veulent « que les habitants de Pont-Audemer se rendent compte qu’il y a beaucoup de personnes » qui pratiquent ces sports urbains : skate, mais aussi trottinette comme ce jour-là, des jeunes collégiens, ou encore du roller.

Un agrandissement espéré

En 2013, le skate-park de Pont-Audemer, d’une surface de 490 m2, était inauguré. Or, au bout de bientôt dix ans d’existence, « rien n’a été refait, sauf les graffitis sur les murs… » regrette Valentin Hervé. « Des parties du béton commencent à se fissurer, l’évacuation d’eau n’a peut-être jamais été purgée », observent les sportifs. Surtout, « les gens attendent que ça s’agrandisse ! »

Les sports de glisse urbaine sont une activité positive pour Valentin Hervé, qui en tant que photographe observe les « planchistes » et se prête parfois au jeu :

Au lieu que les jeunes restent à rien faire, ils viennent essayer le skate ou le BMX [petit vélo pour faire des figures, ndlr.]…

Mais l’infrastructure est trop étroite à ses yeux pour accueillir tous les prétendants : « S’il y a cinq personnes en BMX, il faut attendre son tour. »

Axel Autret, 18 ans en pleine glisse au skate-park de Pont-Audemer.

Les jeunes remarquent que la bande d’herbe à côté de l’infrastructure permettrait son extension. D’ailleurs, relate Jules Lefevre, « la dernière fois, deux Espagnols qui ont construit le skate-park de Bernay sont venus visiter celui de Pont-Audemer. Ils ont dit qu’il avait du potentiel mais qu’il fallait l’agrandir ». Conçu par Antidote skateparks et construit par l’entreprise espagnole IOSkateparks & Ramps, le park de Bernay, lui, s’étend sur 1 000 m2, plus du double de celui de Pont-Audemer. Il a été inauguré samedi 5 novembre dernier.

Ce qui est désirable également selon Axel Autret, c’est de « couvrir une partie du skate-park, car quand il pleut, on ne peut pas skater, et on est en Normandie ! »

Jules Lefevre aimerait donner des cours de skate à ceux qui veulent apprendre, comme Kylian qui a commencé récemment. Mais « pour débuter, le skate-park est dur », remarque Valentin Hervé. Une possible extension pourrait comprendre des structures pour les débutants et d’autres pour les confirmés.

« Ça peut ramener du très beau monde »

Valentin Hervé a adressé un courrier à la mairie pour demander l’agrandissement du lieu, et les passionnés croisent les doigts. Papa depuis peu, le trottinettiste Charlie Tardieu, président de l’association Free Street Art lancée lors de la création du skate-park, manquait de temps pour faire des démarches. « J’aimerais organiser des compétitions comme avant, il faudrait que je trouve le temps. Je m’y mettrai plus sérieusement l’année prochaine ! » indique ce dernier.

Également dans l’association, Jules regrette ce manque d’événements depuis que l’ancien président, Jean-Michel Lecot, a passé la main :

Avant, il y avait une compétition tous les ans, mais maintenant le skate-park est plutôt à l’abandon, les gens se lassent, et comme c’est crade, on stresse de rouler là, car on sait qu’on va tomber…

Valentin Hervé argumente en parlant des compétitions à plus grande échelle qui pourraient se dérouler à Pont-Audemer si le skate-park est agrandi.

Des événements de skate, ça peut ramener du très beau monde. Il y a déjà pas mal de gros skateurs qui viennent, comme Joseph Garbaccio du Havre, qui a été 8 fois champion de France et qui a 2 millions d’abonnés sur YouTube.

Joseph Garbaccio a d’ailleurs tourné une vidéo cet été au skate-park de Pont-Audemer. Le photographe amateur, attaché au milieu de la planche à roulettes, conclut : « On a conscience du prix que ça peut valoir, mais ça peut rapporter à la ville. »

24/11/2022

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